Traditionnellement, l’histoire islandaise fait remonter la colonisation de l’île vers 870-930. Il ne fait aucun doute que l’on connaissait le pays avant cette époque, peut-être l’était-il depuis les avancées majeures des techniques de construction navale en Scandinavie dans les premières années du VIIIe siècle et peut-être même dès la fin du VIIe siècle. Une expansion significative vers l’ouest depuis la Scandinavie semble avoir débutée à la fin du VIIIe siècle, avec le premier raid Viking connu, à Lindisfarne en 793 et la colonisation d’Orkney et des Shetland. Les Îles Féroé auraient été colonisées vers l’an 800.


La plus ancienne source écrite mentionnant l’Islande est un récit du moine irlandais Dicuil, datant de 825 environ. Selon Dicuil, des moines irlandais vivaient là-bas à cette époque, en quête de solitude et de paix.Toutefois, la présence de moines irlandais ne s’oppose absolument pas à la possibilité, comme l’ont récemment suggéré quelques historiens, qu’il y ait eu aussi des colonies de pêche en Islande à la même époque, peuplées par des marins d’origine scandinave plusieurs années avant les premières colonisations permanentes. L’Islande est assez vaste pour qu’aient existé plusieurs types d’habitat, dispersés autour de l’île, sans contact significatif entre eux.





















Mais l’existence de l’Islande était-elle connue avant cette époque ? L’explorateur grec Pytheas parlait-il de l’Islande lorsqu’il décrivait la terre de « Thule » dans son oeuvre écrite vers 300 av. J.C. ? Plusieurs éléments semblent l’infirmer. Par exemple, le Thule du récit de Pytheas est une terre habitée, or absolument rien n’indique que des gens vivaient en Islande à cette époque. Pourtant, d’autres parties de sa description semblent bien correspondre à l’Islande. Il est difficile d’en être parfaitement sûr et nous sommes pour le moment condamnés à accepter ou rejeter de pures hypothèses. D’un autre côté, il est fort possible que des bateaux sillonnant les mers du Nord aient été de temps à autres poussés hors de leur route et aient rencontré l’Islande par hasard. Ce fut peut-être le cas, par exemple, de marchants méditerranéens à la recherche d’ambre ou d’étain, ou de navires en route pour l’Angleterre, après qu’elle soit devenue colonie romaine en 44 ap. J.C..

Mais l’hypothèse d’une présence humaine permanente à une date si ancienne est peu probable. Il vaut mieux, dès lors, rappeler que la côte atlantique de l’Europe du Nord et du Nord-Ouest étaient très faiblement peuplées jusque vers 600 ap. J.C.. Seules ces terres étaient (faiblement) colonisées à cette époque et rien ne nécessitait alors de se tourner vers l’océan à la recherche de nouveaux espaces. Tout cela avant que les terres continentales du nord et du nord-ouest de l’Europe ne deviennent en grande partie habitées et que la donne n’ait profondément changé.

Que savait-on de l’Islande avant l’arrivée des Vikings ?

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Carte de l’Islande

(édition de 1547)


Plus ancienne carte représentant uniquement l’Islande dans un ouvrage imprimé. Le livre fut publié pour la première fois en 1528, à Venise.

Source :http://kort.bok.hi.is/index.phpDysfonction érectile

Quelques sources


  1. -Gísli Gunnarsson, «What was known about Iceland in the world outside before the time of the Viking settlements ?», Vísindavefurinn.

  2. -Axel Kristinsson, «Is there any tangible proof that there were Irish monks in Iceland before the time of the Viking settlements ?». Vísindavefurinn.

  3. -Angelo Forte, Richard Oram et Frederick Pedersen, Viking Empires, Cambridge University Press, 2005. Lien Google Books

Sur le net


  1. -Cartes anciennes représentant l’Islande (en anglais et islandais) :

http://kort.bok.hi.is/kort.php?a=gm&id=9

L’ Íslendingabók


Selon les sources écrites, des moines irlandais appelés Papar vivaient en Islande quand les premiers colons vikings arrivèrent au IXe siècle, mais ils auraient ensuite quitté l’île. Bien que les manuscrits anciens soient des sources tangibles, existent-ils des s de ce récit. Les sources écrites ne sont pas exemptes d’erreurs, voire de mensonges, surtout lorsqu’elles sont écrites des années après les événements qu’elles se proposent de décrire. Les informations que fournissent les preuves archéologiques sont généralement beaucoup plus limitées que ce que l’on peut apprendre dans les sources écrites. Et leur interprétation n’est pas sans poser des difficultés.





















La toponymie


Le moine irlandais Dicuil raconte, dans un ouvrage de géographie datant du IXe siècle, les pérégrinations des hommes saints vers le Nord. Le récit de Dicuil a souvent été interprété comme fournissant des preuves de l'existence de Papar en Islande, bien qu'il n'y ait pas de preuve absolue que l'Islande ait été l'un des lieux mentionnés dans son livre. D'un autre côté, il y avait certainement des ermites celtiques dans les Orcades et les Shetland, comme le prouvent les découvertes archéologiques faîtes en ces lieux. Un certain nombre de noms de localités en Islande semblent faire référence aux Papar, et il a dès lors souvent été affirmé, par exemple, qu'il y avait une colonie de moines irlandais sur l'île de Papey, petite terre au sud-est de l’Islande (cf. photo). Il n’existe cependant aucune source écrite reliant « Papey » avec « Papar », et les noms de lieux ont pu avoir été importés des îles britanniques, où les toponymes en « Papar » étaient assez courants dans les régions colonisées par les Vikings. Les noms de lieux ne prouvent rien sur l'existence de Papar en Islande.

Des moines irlandais habitaient-ils l’Islande avant les Vikings ?

Retour sur le texte d’Ari Fróði Þorgilsson


Récemment, dans son ouvrage Um haf innan (Reykjavik, 1997), Helgi Guðmundsson a avancé l'idée que le récit d’Ari dans l’Íslendingabók est basé sur ce que Dicuil a dit des Papar. Ari aurait interprété le texte de Dicuil comme faisant référence à l’Islande sans preuve sérieuse de ce cela. Si Helgi Guðmundsson a raison, et que les récits de Dicuil et Ari ne sont pas indépendants l’un de l’autre alors le propos d'Ari perdrait de son importance, et nous n'aurions plus aucune source reliant les Papar à l'Islande.

Île de Papey.

Au loin, l’Islande.

Photo: CC «Djúpivogur from Papey»/timandkris

Ruines (modernes) d’un abri à moutons

sur l’île de Papey.

Aucune preuve archéologique n’atteste de la présence de moines irlandais avant la colonisation scandinave.

Photo: CC «Ruins on Papey»/timandkris

Fouilles archéologiques


Plusieurs tentatives ont été faites pour trouver des vestiges datant de l’époque d’une possible présence des Papar en Islande. L'archéologue Kristján Eldjárn, par exemple, a fait des recherches sur d’anciens lieux d’habitation à Papey, mais ne trouva rien permettant de pointer vers la présence de Papar. Différents vestiges ont été découverts qui pourraient être interprétés comme remontant au temps des Papar, par exemple quelques croix inscrites sur les parois des grottes creusées par l’homme dans le sud du pays, et les ruines d'un certain nombre de constructions rudimentaires. Mais dans tous ces cas, d’autres explications que celle de la présence de Papar sont envisageables.

La recherche archéologique ne peut donc pas nier l'existence de Papar en Islande, et il est parfaitement concevable que des restes soient un jour découverts avec des caractéristiques celtico-chrétiennes suffisamment fortes pour que la présence Papar ne fasse plus de doute. Mais de tels vestiges n’ont pas encore été trouvés.

Des vestiges archéologiques sont-ils venus combler les lacunes des textes mentionnant l’existence des Papar ?


La plus ancienne source mentionnant l’existence des Papar est l’ouvrage historique Íslendingabók (Le Livre des Islandais), écrit par Ari Fróði Þorgilsson vers 1122-1133. Le texte fut donc rédigé quelques 250 ans après que les Scandinaves aient commencé à coloniser l’Islande (selon une chronologie traditionnelle qui fait d’ailleurs elle-même problème). Son témoignage ne peut donc pas être pris comme une preuve indiscutable de la présence de Papar en Islande.